Recueil de sketchs de Jean-Pierre Martinez
Mélimélodrames est un recueil de six sketchs qui explorent, chacun à leur manière, les limites entre comédie et drame, la frontière entre fiction et réalité, et la conscience de soi dans le jeu social et théâtral. Ces pièces mettent souvent en scène des personnages en quête de sens, face à un monde ou un environnement qui vacille, se vide ou se retourne contre eux.
On y croise : des auteurs en panne d’inspiration, des amoureux piégés dans le mensonge, des inconnus dans des maisons inconnues, des policiers fictifs en pleine autopsie métaphysique…
Chaque sketch propose un renversement inattendu, une révélation, ou un effondrement du décor, au sens propre comme au sens figuré.
Liste des sketchs
Fatal comique
Ce n’est pas un drame
Huis-clos
Auteur anonyme
Changement de décor
Scène de crime
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Ouvrage paru aux Editions La Comédiathèque – ISBN 9782377051748 Février 2018- 56 pages – Prix TTC : 9,90 €



Analyse thématique
1. L’effritement de la réalité et du décor
Plusieurs sketchs jouent avec le décor comme symbole de l’identité et du foyer :
– Dans Fatal comique, l’auteur cherche à changer de registre, donc de décor intérieur.
– Dans Auteur anonyme, le couple quitte une maison pleine de souvenirs… mais emporte une autre histoire.
– Dans Changement de décor, un cambriolage devient une opération de déménagement involontaire de son propre passé.
La maison, dans ce recueil, est à la fois espace intime, mémoire, et fiction scénographique.
2. L’identité flottante des personnages
Tous les personnages semblent être en quête de leur rôle : l’auteur comique fatigué, le fils de boucher déguisé en fiancé végan, les couples qui ne savent plus où ils habitent, les inspecteurs de fiction qui se découvrent morts…
Il y a une constante incertitude sur qui l’on est, ce qu’on fait là, et à quelle histoire on appartient.
3. Le théâtre dans le théâtre
Le recueil est parcouru de mises en abyme :
Scène de crime est une enquête sur une pièce ratée jouée par des personnages oubliés.
Auteur anonyme évoque une pièce sans auteur et un manuscrit retrouvé.
Fatal comique est une réflexion sur la difficulté de faire rire… et sur le risque de ne plus en avoir envie.
Ces jeux de miroirs créent un effet vertigineux, souvent drôle, parfois mélancolique, et toujours intelligent.
4. Le comique au bord du drame
Le recueil cultive une esthétique du « drame qui n’en est pas un » – comme le titre le suggère. Chaque sketch flirte avec des thèmes graves (dépression, mort, oubli, imposture), mais les traite avec une distance comique, parfois absurde, qui désamorce l’angoisse en la tournant en dérision. C’est là tout l’art du mélimélodrame : un subtil mélange de tons, où le tragique affleure mais ne s’impose jamais complètement.
Structure et progression du recueil
Le recueil est progressif : il commence sur la crise de création (Fatal comique), passe par la crise identitaire dans le couple (Ce n’est pas un drame), débouche sur une perte de repères généralisée (Huis clos), puis explore la transmission fantôme d’un récit oublié (Auteur anonyme), avant de boucler la boucle dans l’absurde (Scène de crime), en terminant sur la disparition même du théâtre.
Il y a un crescendo métaphysique, qui commence dans la vie quotidienne, et finit dans la mise en question du théâtre lui-même.
Mélimélodrames interroge sur ce qu’il reste d’une vie quand elle est racontée, ce qu’il reste d’un spectacle quand le rideau tombe et ce qu’il reste d’un personnage… quand il découvre qu’il est fictif.
C’est un hommage au théâtre, dans ce qu’il a de plus fragile, mais aussi de plus profond.