Recueil de sketchs de Jean-Pierre Martinez
Brèves du temps qui passe est un recueil de douze sketchs courts, construits comme autant de fragments de vie, de dialogues ou de situations absurdes, drôles, tendres ou tragiques. À travers des scènes très diverses, Jean-Pierre Martinez explore le temps, l’attente, la mémoire, la mort, l’amour, l’héritage, la routine, la planète, le progrès… et la finitude.
Qu’il s’agisse de préhistoriques cherchant du feu, d’un couple enfermé dans son salon, de jeunes bacheliers désabusés ou d’êtres post-humains regardant la Terre disparue, tous les personnages sont confrontés à une faille dans leur quotidien : une incohérence, une révélation, un soupçon d’étrangeté, qui ouvre vers la réflexion, le vertige ou le rire.
Liste des sketchs
1 – Le feu sacré
2 – Home cinéma
3 – Grand
4 – Pain perdu
5 – La porte
6 – Double living
7 – Ici la Terre
8 – Contrôle technique
9 – Attendre
10 – Le tableau
11 – Le bac avec mention
12 – Les fantômes
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Ouvrage paru aux Editions La Comédiathèque – ISBN 978-2-37705-433-6 – Avril 2020- 45 pages – Prix TTC : 12 €



Analyse
🎭 Un théâtre de l’absurde du quotidien
Comme souvent chez Martinez, le comique naît du décalage : une logique rationnelle appliquée à des situations absurdes, ou l’inverse. On rit d’un dialogue apparemment banal qui dérape peu à peu vers une hypothèse délirante mais construite avec méthode.
À l’image de Beckett, Ionesco ou Dubillard, l’auteur observe la condition humaine dans ses expressions les plus ordinaires, et la pousse jusqu’à ses limites existentielles. Le rire devient alors un refuge face à l’absurde, une résistance à la vacuité du monde.
🕰 Le temps, personnage principal
Le titre l’annonce : c’est bien le temps qui passe qui traverse tous les sketchs.
Le passé s’invite sous forme de héritage (🖼 Le tableau), de souvenirs flous (📺 Home cinéma), ou de préhistoire imaginée (🔥 Le feu sacré).
Le présent est souvent vidé de sens (🚪 La porte, 🧼 Pain perdu, 🧰 Contrôle technique), immobilisé dans une forme d’attente ou de répétition.
Le futur, enfin, est entrevu sous l’angle de la dystopie (🌍 Ici la Terre, 🔭 Les fantômes), ou de l’avenir incertain d’une jeunesse désabusée (🎓 Le bac avec mention).
La structure même des sketchs mime cette tension : ils sont brefs, suspendus, souvent sans résolution, comme autant de moments volés à l’éternité.
👥 Des dialogues toujours incarnés
L’écriture repose presque exclusivement sur le dialogue, très fluide, naturel, et souvent éminemment théâtral : les personnages sont dessinés en quelques répliques, par leur rythme, leur logique, leur ton. Le style est vif, sans didascalies excessives, laissant beaucoup de liberté au jeu et à l’interprétation.
Les duos sont variés :
Couples modernes (Home cinéma, Pain perdu, Double living)
Rencontres improbables (La porte, Contrôle technique)
Figures symboliques (parent/enfant dans Les fantômes, planète/personne dans Ici la Terre, morts dans Attendre)
Ces binômes permettent de confronter deux visions du monde, deux façons de parler, de penser, de se raccrocher à quelque chose.
🧠 Une pensée critique, poétique et politique
Sans être jamais dogmatique, le recueil véhicule une vision du monde lucide, critique, parfois grave sous l’humour :
Critique écologique et du progrès technologique (⛏ Le feu sacré, 🌡 Ici la Terre, 👻 Les fantômes)
Critique du monde du travail (☕ La porte, 🔧 Contrôle technique)
Critique du système éducatif, politique, sanitaire (🎓 Le bac avec mention, ⏳ Attendre)
Mais cette critique se fait toujours par la poésie, la suggestion ou le décalage comique, sans jamais tomber dans le manifeste.
Brèves du temps qui passe est un recueil où chaque sketch est une parabole, un instant suspendu dans lequel l’auteur éclaire un coin de l’existence. C’est un théâtre à la fois accessible et profond, où l’on passe du rire à la réflexion en quelques lignes.
Du théâtre minimaliste, humaniste et philosophique, porté par un humour subtil et une vraie tendresse pour l’absurde condition humaine.