Alban et Ève La Sketchothèque

Recueil de sketchs de Jean-Pierre Martinez

Alban et Ève est un recueil de quatorze sketches mettant en scène un couple unique, à la fois archétypal et contemporain, traversant des situations tantôt intimes, tantôt métaphysiques, tantôt délirantes. Du jardin d’Éden à la fin du monde, en passant par la quincaillerie parentale, ces deux personnages oscillent entre l’amour, l’ennui, la survie, la philosophie domestique, le vertige existentiel et le rire.

Dans un espace indéfini qui peut être un jardin, une île, une maison ou un monde en ruine, Alban et Ève rejouent le mythe originel de l’humanité, non pas pour fonder une civilisation glorieuse, mais pour en commenter l’échec, les travers et les absurdités — tout en essayant de s’aimer et de cohabiter.

Chaque sketch est autonome, mais ensemble, ils tissent une fresque à deux voix, marquée par l’humour, la poésie et la désillusion. Une traversée douce-amère de la condition humaine, vue par le prisme d’un couple qui pourrait être le premier ou le dernier.

1. Une comédie existentielle et métaphysique
Alban et Ève rappelle les duos absurdes du théâtre de l’absurde (Beckett, Ionesco), tout en s’inscrivant dans une tradition plus populaire, accessible et contemporaine. Le couple ne cherche pas tant à évoluer qu’à tenir ensemble face au vide, dans une série de dialogues à la fois drôles, profonds et parfois glaçants. La question de l’existence, du sens de la vie, et de l’héritage humain y est omniprésente.

2. Un couple comme miroir de l’humanité
Alban et Ève ne sont pas seulement un homme et une femme : ce sont tous les couples, tous les humains, réunis dans ces figures universelles. On les suit :
au commencement (Rejetons, Trois)
dans le quotidien (Repartie, Alibi, En vers et contre tous)
dans la procréation (Trois, Enceinte, Zéro)
dans le conflit conjugal (Alibi)
dans l’échec écologique (Farniente, Atmosphère, Terminus)
jusqu’à la conscience de leur disparition (Vieux, Permanence, Terminus)
Ils incarnent la condition humaine dans toute sa fragilité, sa drôlerie et son obstination à continuer malgré tout.

3. Humour, poésie et vertige
Le recueil jongle brillamment avec les genres : humour noir (Zéro, Viande), vaudeville conjugal (Alibi, En vers et contre tous), satire sociale (Secret, En vers et contre tous), absurde philosophique (Tête-à-tête, Trois, Permanence), poétique mélancolique (Vieux, Terminus)
Le style est très dialogué, souvent vif, parfois piquant, toujours fluide. Certains sketches jouent sur le décalage de langage (notamment en alexandrins dans En vers et contre tous) ou l’épure radicale (Vieux, Permanence), jusqu’à flirter avec la poésie dramatique.

4. La boucle du monde : un cycle fermé
Le recueil semble boucler une boucle cosmique. Il commence avec la tentation d’enfanter l’humanité (Rejetons) … et s’achève avec l’extinction finale (Terminus).
Au milieu, la naissance annoncée (Trois) est comme un écho fragile, une relance ambiguë.
Le sketch Permanence agit presque comme une parenthèse suspendue, un entre-deux, où le couple est figé dans l’éternité.

Alban et Ève est à la fois une comédie existentielle, une tragi-farce universelle, une réflexion douce et acide sur l’humain, le couple et le monde. C’est un recueil d’une grande cohérence malgré la diversité des formes et des tons, qui peut se lire comme un théâtre de poche, mais aussi comme une chronique philosophique à deux voix.
C’est une œuvre drôle, poétique, dérangeante, parfois bouleversante, toujours humaine. Un théâtre minimaliste mais profond, qui laisse une trace — comme une pomme partagée au bord de l’extinction.

Liste des sketchs :

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Ouvrage paru aux Editions La Comédiathèque – ISBN 9782377050994 – Juillet 2017- 70 pages – Prix TTC : 9,90 €