Sketch de Jean-Pierre Martinez
Deux personnages.
Un – Promets-moi de ne pas paniquer…
Deux – Quoi ?
Un – J’ai trouvé un crâne dans le jardin.
Deux – Un crâne ? Tu veux dire…
Un – Un crâne humain, oui.
Deux – Mais comment ça…?
Un – Je creusais un trou pour planter ces bambous qu’on a achetés au marché. Et je suis tombé sur un crâne.
Deux – C’est incroyable… Et tu es sûr que c’est un crâne humain ?
Un – Il y avait un téléphone portable, juste à côté.
Deux – Donc ce n’est pas des ossements très anciens. Je veux dire ce n’est pas le crâne d’un homme de Néandertal. C’était un modèle récent ?
Un – Le crâne ?
Deux – Le téléphone !
Un – Ah… Euh… Je ne sais pas… C’est un iPhone. (Lui tendant le téléphone) Tiens, le voilà.
L’autre hésite avant de saisir le téléphone.
Deux – Tu as pris le téléphone ?
Un – Tu aurais préféré que je te ramène le crâne ?
Deux – Je ne sais pas… C’est une scène de crime, non ?
Un – Un crime ? Tu crois ?
Deux – Comment on peut finir enterré au fond d’un jardin avec son téléphone portable si ce n’est pas un crime ?
Un – C’est sûr.
Deux – Et surtout, comment on a pu enterrer un cadavre dans notre jardin sans qu’on s’en rende compte ?
Un – Ça ne fait que deux ans qu’on a la maison. Ça date sûrement de l’ancien propriétaire.
Deux – C’est peut-être sa femme.
Un – Pourquoi sa femme ?
Deux – Ce n’est pas lui, puisqu’on l’a vu chez le notaire.
Un – C’est vrai que ce jour-là on n’a pas vu sa femme.
Deux – De là à conclure que c’est parce qu’il l’avait enterrée au fond de son jardin…
Un – Ça ne tient pas debout. On ne vend pas sa maison après avoir enterré sa femme dans le jardin. On aurait fini par tomber dessus tôt ou tard.
Deux – Mais alors quoi ?
Un – Il faudrait pouvoir dater le cadavre. C’est un iPhone combien ?
Deux – Il y a un peu de terre dessus, mais… C’est le dernier modèle.
Un – Non…?
Deux – Ça veut dire que ce cadavre a été enterré très récemment.
Un – Merde…
Deux – Il faudrait prévenir la police.
Un – Oui, mais on pourrait avoir des ennuis.
Deux – Des ennuis…?
Un – Et si on nous accusait de ce crime ?
Deux – Maintenant qu’on a trouvé ce crâne, on ne peut plus faire comme si de rien n’était.
Un – Tu crois ?
Deux – Recel de cadavre. Non dénonciation de crime. C’est grave.
Un – OK… On va appeler la police.
Deux – Ben vas-y.
Un – Je ne sais pas ce que j’ai fait de mon téléphone…
Le téléphone trouvé à côté du crâne se met à sonner. Ils restent tous les deux interdits.
Deux – Ce n’est pas possible… C’est un cauchemar.
Un – Qui ça peut bien être ?
Deux – Va savoir…
Un – Le meurtrier, peut-être.
Deux – Qu’est-ce qu’on fait ?
Un – Ben réponds…
Deux – Allô…? Oui… Oui, je vous le passe… Ta mère…
Un – Maman… Je peux te rappeler…? OK…
Deux – Donc c’est ton téléphone.
Un – Il a dû tomber de ma poche quand je me suis baissé pour regarder le crâne.
Deux – Ouais. Et tu es vraiment sûr que c’est un crâne humain ?
Un – Ben… c’est ce que je me suis dit quand j’ai vu le téléphone. Mais maintenant je ne suis plus très sûr.
Deux – On va aller voir.
Un – OK.
Deux – Il me semble me rappeler que, chez le notaire, il avait dit qu’il venait d’enterrer son chien.
Un – Ça ne m’avait pas frappé sur le moment, mais oui, ça me revient maintenant…
Deux – Il a juste oublié de dire qu’il l’avait enterré dans le jardin.
Un – Ouais.
Deux – Tout de même, entre un crâne de chien et un crâne humain. Ce n’est quand même pas la même taille.
Un – Ça devait être un gros chien.
Deux – Ou alors, c’est un crâne d’enfant…
Un – Tu crois ?
Deux – La bonne nouvelle, c’est que tu as retrouvé ton téléphone.
Un – Oui…
Noir.

Toute représentation, gratuite ou payante, doit être autorisée par la SACD.
Sketch extrait du recueil Pas de panique!
Lien vers le recueil pour l’acheter ou le télécharger gratuitement (PDF).

Retrouvez l’ensemble des pièces de théâtre de Jean-Pierre Martinez sur son site : https://jeanpierremartinez.net